La chanson est née avec l'homme et avec la nécessité d'exprimer une
intériorité subjective, pour la rendre universelle par la communication et la participation. La chanson
montre l'essence de l'homme et jusqu'à ses origines, met en évidence l'intime relation entre les
problèmes d'existence humaine et l'ambiance dans laquelle l'existence se développe. Par exemple,
les manifestations musicales de l'homme primitif sont liées à la conception magico-religieuse
ou à la mythologie de sa communauté.
Le Che démontre que la chanson apparaît comme une nécessité et non pas par pur
divertissement, qu'elle a au contraire toujours une même finalité : éclaircir le conflit de
l'homme vivant et libre sur cette terre.
Dans les Andes, les Incas se servaient du son des "Quenas" pour apprivoiser et rassembler les troupeaux.
Dans les plaines vénézuéliennes pendant la récolte du maïs, les indigènes
chantaient des chants allusifs à leur travail et la musique s'imprégnait de leur corps et de leurs
mains qui suivaient le rythme de la battue du grain. Au Chili, on réunissait le peuple dans un
"Guillatun" où tout le monde chantait pour invoquer la fertilité de la terre.
L'homme primitif chantait, cela se vérifie encore aujourd'hui dans la tradition folklorique des peuples pour
s'armer contre le mal et faire front aux forces adverses par qui ils se sentaient menacés. Il chantait pour
invoquer une récolte abondante, pour stimuler ses propres énergies pour le travail, pour que la chasse
soit bonne, pour appeler la pluie, pour conjurer les dangers des éléments... Dans la
réalité d'aujourd'hui, le chant assume vigoureusement la valeur d'une protestation. A travers la
chanson, les peuples oppressés des pays étrangers se rebellent, luttent, dénoncent les
responsables de leurs oppressions.
Et ici la chanson parle de la terre qui appartient au peuple et de la nécessité de
récupérer tout ce qui lui a été volé ; parle de la liberté de tous ceux qui
luttent dans le monde pour y arriver. A travers la lutte active des plus conscients qui guide les peuples vers la
liberté, la chanson soutien parmi les masses l'action libératrice. C'est pour cela que dans ses
thèmes figurent en premier lieu le peuple de Cuba, la "star" de la révolution aujourd'hui en action.
Le protagoniste c'est l'homme qui dans le maquis a pris son fusil pour revendiquer sa propre dignité. Des
milliers de voix se sont élevées dans le monde entier pour chanter la vie et la mort du Commandante
"Ernesto Che Guevarra", tué par l'impérialisme yankee dans la forêt bolivienne.
Chant du paysan, son sang et ses larmes irriguent les champs qui ne sont pas à lui mais qui pourtant lui
appartenaient; chant de l'ouvrier qui dans l'usine se meurt de jour en jour, accablé par la puissance du capitalisme.
La chanson protestataire célèbre dans le monde entier l'héroïsme du peuple vietnamien et
son éminente victoire. Dans une société déshumanisée, la chanson exalte l'amour,
unique refuge de l'homme.
La chanson protestataire est un fait, une réalité et une nécessité de l'homme d'aujourd'hui.
Persécutée et censurée, elle vole au-delà des barrières et se transforme en
langage commun pour la jeunesse du monde.
La société bourgeoise s'oppose à la chanson engagée à coup de désinformations
corrosives, aliénantes pour l'esprit du peuple. Journaux, revues, radios et télévisions,
dirigés par un même patron, empoisonnent quotidiennement la conscience des masses avec leurs fausses
valeurs et leurs fausses idoles pour détourner toute inspiration de liberté et désir de renouveau.
D'autre part la publicité, la propagande et les faux chanteurs populaires soit disant pour "faire
s'évader" l'homme agissent comme des drogues soporifiques sur le naturel instinct de rébellion
contre la misère.
A travers ses demies informations, la bourgeoisie transmet aux masses de faux schémas de vie et d'idéaux
déformés, basés sur le modèle du "american way of life", sur le conformisme, sur
l'anti-communisme et sur la médiocre indifférence envers son prochain.
De cette manière on prétend ainsi créer un homme type, qui prétend comme un robot aux
exigences de la machine dictatoriale qui le gouverne, castratrice de toute expression individuelle et toute initiative
créatrice. Dans cette situation l'homme reste isolé et incapable d'envisager quelque chose avec
d'autres.
La chanson engagée interrompt ce cercle vicieux et annule l'action aliénante du capitalisme, ayant un
rôle très important dans les revendications sociales.