" La barbe la musique des Andes " chantait Lucio DALLA
en 80. La barbe l'Amérique latine, pensent aujourd'hui les manipulateurs d'infos
qui trouvant plus intéressant de parler d'autres choses. Aussi parce que,
après tant d'années après la chute du socialisme réel et du
retour quasi généralisé de paix et démocratie,
l'Amérique latine continue avec entêtement et tristement à proposer
les mêmes choses : injustices scandaleuses, gouvernements corrompus ; militaires
menaçants et guerrieros téméraires. Il en résulte pourtant
que seul les guerrieros sont intolérants, et par moments sortent de nul part comme
les petits mayas sous les ordres du sous-commandant
Marcos ou les très
jeunes guerrieros TUPAC Amaru de l'ambassade japonaise de Lima ou encore les aguerris
rebelles des FARC (forces armées colombiennes. Ceux qui les
considèrent comme un incompréhensible bazar, composé d'idiots
idéalistes et de bandoleros sans idéaux, ce sont sûrement les
mêmes qui, il y a 30 ans s'émouvaient de la barbante musique andine et qui
dans le rue célébraient le CHE.
Ceux
qui pour expliquer leur difficulté à survivre, après avoir cantonner
la petite histoire de la guerrilla financée par Mosca et Pechino, racontent celle
plus moderne de la narco-guerrilla, à savoir celle financée par la mafia.
Ils évitent soigneusement de penser à expliquer que la guérilla
dépend, naît de la misère et du manque de liberté du continent
latino-américain. Aussi pour y arriver, pas besoin d'être marxiste, il
suffisait d'être raisonnable. Les statistiques économiques annuelles
témoignent implacablement que la grande majorité du demi-milliard de
personnes qui vivent du Rio Bravo à la terra du feux et beaucoup plus pauvre
qu'au temps du CHE et de V. JARA.
En plus, de partout, les injustices sociales deviennent de jour en jour plus scandaleuses
par exemple : ce sont les latino-américains du Brésil, Pérou et
Colombie, les trois premiers pays du monde qui ont la plus grande inégalité
entre les riches et les pauvres. Dans cette partie du monde où la nature se
révèle la plus fertile, des dizaines de milliers de personnes pâtissent
et meurent de privations et de faim à cause du super-pouvoir des méga
propriétaires fonciers et de la voracité des multinationales, mais aussi
de la politique néo-libérale d'ouverture des marchés et des privatisations,
qui garantissent les droits aux plus forts. N'oublions pas les dettes dues aux pays
riches, ce qui suce le sang des pays pauvres. Contraints à payer des intérêts
scandaleux aux usuriers des pays riches et des banques internationales.
En Amérique latine il y a plus de misère et de manque de liberté
qu'au temps du CHE et de JARA. Mais les dictatures sont tombées
presque partout rouspètent les chantres du nouvel ordre mondial. C'est vrai : on
vote et même beaucoup dans chaque pays et quasiment dans aucun endroit les militaires
sont au pouvoir.
Mais pour la population commune, la réalité n'a
pas changé. Vu de près, les démocraties latino-américaines se
révèlent être des boites vides. Les élections sont certes libres
mais conditionnées par les chantages du fond monétaire et de la banque mondiale,
des pesantes entremises des états unis, de la disproportionnée main mise
des milieux économiques sur les divers partis, des embrouilles et dans de nombreux
pays, par l'élimination physique des candidats de l'opposition. Partout
l'armée reste le plus fort pouvoir. Un corps privilégié,
séparé de la société et doté de la plus grande
licence de tuer. Impudemment ils revendiquent et défendent les crimes du
passé, comme au Guatemala ou en Argentine, dans le Salvador ou au Chili, et
se déclarent prêts à réitérer si nécessaire.
Ils dirigent les crises politiques comme ils l'ont fait récemment en Equateur.
Ils conditionnent dans chaque pays le pouvoir civil.
Le pouvoir des militaires, d'ailleurs, est plus que justifié. Rien qu'avec la force,
il est possible de maintenir ce scandaleux degrés d'injustice sociale.
Quiconque lutte pour l'émancipation de la misère
est considéré comme subversif et donc un ennemi. Les politiques et les
journalistes honnêtes, intellectuels et syndicalistes deviennent des marginaux,
menacés, tués ou contraints à l'exil. Identique sort pour les
activistes des droits de l'homme, aux religieux des communautés ecclésiastiques
de base et aux gens les plus humbles et anonymes : ouvriers, étudiants, paysans et
les Indiens.
C'est la guerre de basse intensité. Elle ne prévoit
pas de coup d'état, pas de stades pleins de prisonniers, pas de mitraillage sur la
foule. Elle ne prévoit pas non plus de générales à lunettes
noires et au sourire sadique au pouvoir. Mais doit être faite par beaucoup de gens.
De militaire, d'unités de contre-guérrilla, d'agents de service secret,
d'hommes de main, des escadrons de la mort, paramilitaires, gorilles des multinationales
ou de méga-propriétaires fonciers.
Une guerre non déclarée, tolérée comme le mal mineur des
strates économiques privilégiées, facilitées par des
systèmes judiciaires immoraux qui garantissent l'impunité pour violeur des
droits de l'homme, justifiée par une impression d'effroi et de chantage.
Une guerre directe des gouvernements hypocrites qui souvent envoient,
tueurs et couronnes de fleurs. C'est surtout une guerre idéalisée,
planifiée, financée et contrôlée par les USA. Gendarmes du
monde, encore plus implacables quand c'est tout près de chez eux. C'est la guerre
basée sur la doctrine de la sécurité nationale qui signifie surtout
Sécurité Nationale des USA. C'est à New York, à Wall Street
où se stabilise les prix des matières premières aussi sur les
trônes de la banque mondiale et du fond monétaire que se décident
les prêts et les sanctions pour punir les éventuelles
désobéissances et toutes les difficultés à appliquer des
politiques économiques affämatrice.
C'était dans la School of America dePanama que ce sont entraînés par
dizaines à la mise en pratique de cette salle guerre, 50 mille officiers des
armées latino-américaines (parmi eux le chilien Pinochet, le paraguayen
Stroessner, l'argentin Videla, le bolivien Banzer et le panaméen Noriega).
Ils apprirent par exemple, les techniques les plus efficaces de la torture. C'est aussi
dans les académies militaires américaines, qu'on continue à former
des officiers latino-américains. Nous rions de l'anti-américanisme.
Pensera celui qui se veut moderne. Malheureusement, il n'y a pas de motif d'être
moins anti-yankee qu'au temps du CHE et de JARA.
Il n'y a pas un seul argument d'intérêt mondial sur laquelle la politique de
la maison blanche ne continue à nous démontrer avaries,
réactionnarisme, hypocrisie, agressivité. De ceux plus politiques à
ceux sociaux, juridiques, étiques, écologiques. Dans le désordre :
commerce internationale, peine de mort, contrôle des armements, aliments à
base d'OGM, droits des travailleurs, droits des enfants, effets de serre.
Il n'y a aucune raison d'être moins anti-yankee surtout aux abords des USA ou
règnent les patrons, les ambassadeurs, les instructeurs militaires, la microsoft,
la ESSO et la Del Monte, la CNN et Rambo, la DEA et la CIA. Les raisonnements d'un
certain temps sont actuels.
Exactement dans les chansons, celle de Victor JARA.
Parce qu'elles sont belles mais aussi parce-que l'Amérique latine n'a malheureusement
pas changé.
Comme c'est arrivé au Nicaragua, sandinistes dans les années 80. comme c'est
arrivé plus tôt au Chili d'Allende, quand le Nobel de la paix henry Kissinger
imagine le coup, le général Pinochet le réalise et les militaires
l'exécutent avec d'innombrables infamies. Comme par le triste exemple de couper
les mains de Victor JARA pour qu'il ne joue plus de guitare.
Des infamies si ignobles qu'inutiles : ses chansons continuent de voler très haut
et pas seulement du Rio Bravo à la terra de far.
Guido Piccoli.